SON HOMME

Elle lut la notification du nouveau message reçu par son homme. On pouvait y lire : « C’était très bon, tout à l’heure. Merci pour ce délicieux moment ». Elle reposa le téléphone et s’assit.

Une larme dégoulina sur sa joue droite, ensuite la gauche, elle les essuya du revers de la main, ne voulant pas qu’il la voit pleurer. Elle se demandait réellement pourquoi pleurait-elle ? Elle n’arrivait pas à expliquer ce sentiment qui l’envahissait.

Rentré quelques minutes avant, Rayan son époux, après le baiser d’arrivée , lui lança :

  • Toi, tu ne finiras jamais de m’étonner
  • Elle se contenta de sourire…
  • Attends que je prenne ma douche. On a des choses à se dire ma chère,
  • Ahahah , c’est là ta nouvelle manière de me dire combien je t’ai manqué

Elle se mit à ressasser ces années de vie commune, des moments heureux et malheureux vécues avec cet homme qu’elle aime et chéri tant. Se demandait-elle souvent ce qu’elle serait si elle ne l’avait pas rencontré, il y’a 17 années plus tôt.
A l’époque, elle était une fille innocente quand elle rencontra ce jeune étudiant qui dégageait une aura positive, toujours souriant et disponible pour les autres. Elle s’est éprise de sympathie et d’amitié pour lui. Le considérant comme un grand frère, surtout pour ses conseils avisés et sa disponibilité.

Ils s’étaient perdus de vue, deux années durant, jusqu’à ce qu’elle le voit en suggestions d’amis sur facebook. Sans hésiter, elle lui envoya une demande d’amis. Elle aime souvent dire à ce propos que facebook a contribué à son bonheur. Les échanges s’en suivirent jusqu’au vacances suivantes durant lesquelles, de son retour au pays, ils se revirent. De fil en aiguille, un rapprochement s’établit.

Devenu un homme élégant et soigné, Rayan préparait une carrière d’avocat. Il ne pouvait donc pas lésiner sur le style vestimentaire. Samira était amoureuse… elle l’apprit à ses dépens. Elle devenait nerveuse, sur la défensive et surtout jalouse quand elle le voyait discuter avec une autre femme.
Charmant, poli, et très attaché aux valeurs religieuses, elle se disait qu’un tel homme ne pouvait pas être célibataire. Y croire relèverait de l’utopie. Elle voyait dorénavant en lui, au delà de l’ami et frère qu’il était déjà, le père de ses futurs enfants. En Afrique, il est difficile et surtout déplacé pour une femme de faire des avances à un homme. Elle attendait les siennes. Quoique, elle usait de tous les moyens pour susciter en lui le désir de la vouloir pour épouse. Le stade de « petite sœur » était largement dépassé. Elle lui faisait donc des « appels de balles subliminaux ».
Ils avaient tous les deux, été victime de « goumin »*.Elle, éprouvée par un homme sublime de l’extérieur, vide à l’intérieur. Hypocrite et mesquin. Ensuite par des hommes qui ne la voulaient que pour du sexe. Blessée, elle finit par prendre du recul et se méfier. Lui, parti étudier à l’extérieur, a perdu son premier amour eu égard la distance. Il a eu du mal à s’en remettre surtout qu’elle s’était mise avec son ami.

Au cocktail d’une cérémonie de mariage, d’un ami commun, où ils étaient conviés ; ayant eu un moment à eux, il fit une ouverture taquine en demandant :

  • A quand ton tour, Samira ?
  • Il faut d’abord trouver le prince charmant !

Ils rigolèrent et papotèrent ensuite. Lui, qui hésitait et doutait de son célibat, venait d’avoir une réponse indirecte. Il lui raconta plus tard qu’en réalité il avait peur du « NON ».  Belle, intelligente et indépendante, il ne pensait pas qu’elle soit encore dans le célibat. Il réfléchissait aussi à comment serait leur relation après un refus.

Ils s’étaient tous les deux mis dans la « Friendzone »*.

Ballons, symbole d’amour

Heureusement qu’elle ne s’est pas faite prier quand il lui fit une proposition, le mariage fut célébré deux ans après. S’en sont suivis de purs moments de bonheur, sa délicatesse était un pur délice. Samira a fini par oublier son passé douloureux. Rayan l’avait encouragé à continuer et terminer ses études. La pression du monde du travail était telle qu’elle avait préféré abandonner son boulot pour éviter la dépression. Elle entreprit dans ce qu’elle aime, ainsi aujourd’hui elle est plus épanouie, libre et disponible pour sa famille.

Son mari n’était pas tout à fait un ange, ses côtés sombres existaient mais rien d’alarmant. Ce qu’elle avait de lui était satisfaisant ! Comme disait son père :

 » Le manquement d’un devoir à ton égard, ne t’autorise pas à en faire autant. Il faut en tirer de la sagesse.
Les Hommes ont tous des défauts. Mieux vaut plutôt s’attarder sur leurs qualités et les booster, Ils influeront sur les défauts « .

Rayan lui disait qu’elle était sa fée. Elle le galvanisait, savait trouver les mots qu’il faut pour qu’il n’abandonne pas facilement une affaire. Il disait, travailler pour s’occuper de sa princesse et de leurs trois enfants le remplissait de joie. Elle a contribué à le rendre meilleur, il lui était devenu impossible de faire quelque chose sans elle. Les difficultés, ils en avaient connu de toutes sortes, mariage difficile, perte d’emploi, décès de géniteur, un ami parti trop tôt, un enfant autiste, enfin bref ! Ils avaient été forts et présents l’un pour l’autre.
Elle préfère parler de ses joies. Les peines apportent la tristesse, elles sont aussi des leçons, un chemin vers l’humilité !

Occupé par les affaires, Rayan ne trouvait pas assez de temps pour sa mère. Ses visites étaient bimensuelles. Elle résidait dans une autre ville à proximité. Elle ne manquait de rien, avait connu la pauvreté, l’opulence est devenue sienne bien qu’elle eût encore du mal à s’y habituer. Maman était fière de son garçon. Sa présence lui manquait, pour rigoler, se taquiner, se chahuter. Leur relation était bien particulière, il a hérité de sa bonne humeur et sa simplicité !

Le message suivant fut « Je t’aime fort mon garçon, tu as une épouse formidable. Un coucou spécial à mes boud’chous »

Ses pensées s’interrompirent… Ces larmes qui avaient coulées exprimaient sa joie.

Samira, attendait que son époux finisse sa douche et prenne son thé à la menthe qui l’attendait. Ensuite, Rayan lui racontera les détails du dîner  » Mère-fils « . Elle, à son tour, comment s’y était-elle prise pour l’organiser.

Impatiente, elle se mit à spéculer. Elle prit un livre, l’ouvrit et sourit…

*DÉFINITION MOTS
Goumin: Chagrin d’amour, en argot ivoirien
Friendzone : Relation amicale entre deux personnes de sexe opposé, dont l’une est amoureuse de l’autre sans le lui l’avouer (Voir vidéo WilAime)

PS: Cet article est un challenge lancé par Aphtalcisse. qui consiste à rédiger un texte avec le premier paragraphe du présent article. Vous pouvez écrire votre version, le challenge est ouvert (threadtwitter) .

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